The meeting of four artists: a confrontation of perspectives that explore the same territory — one shaped by history and the impermanence of things — seeking to understand it as much as to express it.
La rencontre de quatre artistes à travers leurs œuvres veut confronter des regards qui scrutent un même territoire façonné par l’histoire et l’impermanences des choses, cherchant à le comprendre tout autant que l’exprimer.
“Les Aïeuls”
Consacrée aux châtaigniers très anciens qui trônent debout entre la vie et la mort, une série fait en 2025 pour la Fête de la Châtaigne à Lasalle en Cévennes, présentée au Temple de Lasalle dans l’exposition « L’Invention des Sevenes »
Les Cévenols connaissent ces énormes cadavres de châtaigniers très anciens qui restent encore debout dans une transition exquise. Non pas strictement mort : ils se dépouillent lentement couche par couche, nous révélant un lien entre la vie ligneuse et la vie éthérée.
Soignés pendant des siècles en vergers, ils ont offert une nourriture constante pour l’homme, le bétail et les animaux sauvages, méritant leur surnom d’arbre à pain.
L’appauvrissement des terres, la déprise agricole, l’exode des populations et un programme de reforestation entraînèrent des conditions insupportables pour les châtaigneraies. Le manque d’entretien et les maladies les décimèrent avant qu’elles soient colonisées par la végétation naturelle et les résineux. Sous cette ombre les vieux châtaigniers envoyèrent un dernier défi, lançant de nouvelles pousses autour de la souche moribonde, comme des gardiens. Puis les gardiens faillirent aussi, laissant une cage blanchie telles des côtes autour d’un cœur.
La souche conserve peut-être encore de la sève, dans l’attente d’un moment opportun quand les tronçonneuses viennent lui offrir la grâce d’une récolte de sapins. Les bûcherons vénèrent les aïeuls, laissent les vieux châtaigniers en paix , debout entre la vie et la mort.
Ceux qui les écoutent entendent leurs chuchotements sortis des fissures mystérieuses de leurs corps délabrés. Les aïeuls ont de la noblesse dans leur désintégration lente. Ils finissent par nous nourrir autrement, d’aliments spirituels : force, persévérance, et enfin l’acceptation gracieuse face à la mort - une succession inépuisable de beauté.
“The Elders”
A series Inspired by ancient chestnut trees standing between life and death
The folks around here are intimately familiar with these huge cadavers of chestnut trees, tenaciously enduring in an exquisite transition. Could they be dead? Slowly shedding layer by layer, they reveal the boundary between being wooden and being ethereal.
Cultivated in orchards for centuries, they offered a sustainable food source for humans, livestock, and wild animals, thus earning their title “the tree of bread”.
The degradation of the soil, the exodus of the farming population, and a reforestation program brought on the demise of the longstanding chestnut orchards. With the lack of care and subsequent illnesses, they were decimated as the native forest and newly introduced conifer forests took over. Choked in the shade, the old chestnuts sent up a last stand of new shoots around their trunks, like guardians. Then the guardians also perished, leaving a cage of whitened trunks like ribs around a heart.
The trunks may still have the sap of life beneath them, waiting for the chance that the chainsaws will claim a harvest of pines and firs. The lumberjacks, perhaps in reverence, leave the old chestnuts in peace, twisted pillars between life and death.
Those who listen may hear whispers from the mysterious fissures in their gnarled bodies. The elders are noble in their slow disintegration. In the end they nourish us with their spiritual qualities: strength, perseverance, and finally a gracious consent in passing away – an inexhaustible progression of beauty.